Quitter son siècle _ d’Azeddine Idjeri : quêtes existentielles

Après un recueil de poésie  « Espoirs dans de sordides oreilles » , Azzedine Idjeri publie son nouveau livre en octobre 2022, un roman intitulé « Quitter son siècle », éditions Radil.

Kenza est une Algérienne vivant en France. En état d’handicap physique, elle a perdu sa mère au temps de la décennie noire (1990) ; son père vit en Algérie où il jouit de son pouvoir en tant qu’ancien militant de la Libération Nationale.

Alors que la Covid-19 envahit le monde, Kenza reçoit une lettre d’un prisonnier. Après hésitation, elle lui répond et leur correspondance se développe. À travers les lettres, Kenza découvre que cet étranger a grandi dans l’orphelinat, délaissé par ses parents en vie; pour venger ce vide existentiel, il crée une sorte de secte cachée sous le faux-semblant d’association écologique. «  Dans mon monde construit de faussetés, on pouvait y entrer, mais on ne pouvait jamais en sortir » (p118)

Kenza perd un après un ses proches : après sa mère et son père, son médecin décide de s’installer en Algérie; un vieux ami meurt à cause du Covid…

Où mènera-t-il ce jeu de lettres ? Comment les personnages se cherchent-ils au-delà des marges de l’existence ?

Le roman explore un angle philosophique de la condition humaine. Il explore l’humanité de certains personnages mis à la marge de la société à cause de faits survenus dans le passé. Par exemple, Kenza vit loin de son père et est orpheline de mère ; l’expéditeur de lettres grandit sans ses parents…

Cependant, les personnages ne restent pas passifs; ils tentent par tous les moyens de se chercher, de réaliser leurs quêtes existentielles. Cela montre que le roman est nourri par la philosophie existentialiste. Par exemple, Yann le médecin poursuit sa quête dans l’Algérie, Kenza décide de faire le tour du monde…Le roman est un éloge de l’espoir.

Le repère temporel est celui de la pandémie du Covid-19 où le confinement est le maitre suprême, ce qui dilate davantage les marges des personnages déjà isolés. Le roman offre une autre vision de la pandémie ; il ne s’agit pas seulement d’une maladie mais d’une composante qui change notre vision du monde, voire de l’existence. « La crise sanitaire n’a commencé que pour perdurer » (p39)

Le roman est également un pont entre l’Algérie (notamment la Kabylie et sa belle nature)  et la France. Pas de haine ou de rivalité, mais plutôt une complémentarité entre les deux géographies. C’est aussi un hommage aux gens qui vivent en harmonie entre les deux rives.

La poésie est omniprésente. Elle parcourt tout le roman, ce qui lui donne davantage de beauté et de profondeur. L’auteur est aussi poète a déjà publié de la poésie.

La structure est sobre et intéressante. Mêlant fragments cohérents et lettres, elle attire ainsi l’attention du lecteur.

Simple et humain, nourri de philosophie, Quitter son siècle est un éloge de l’espoir et un hommage à ceux et celles qui se cherchent dans un monde plein de marges.

***

Point fort du livre: caractère philosophique

Belle citation: « Je pars me perdre dans les grands espaces. Je pars me perdre dans mon infini intérieur » (p24)

L’auteur : Azeddine Idjeri est un écrivain et poète de langue française. Il vit en France.

Quitter son siècle, Azeddine Idjeri, éd. Radil, France, 2022.

Par TAWFIQ BELFADEL

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