De ruines et de gloire _ d’Akli Tadjer : l’humanité au milieu  de la terreur  

Après D’audace et de liberté , Akli Tadjer publie son nouveau roman aux éditions Escales, intitulé  De ruines et de gloire.

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Alors que l’Algérie avance vers son Indépendance, Adam, jeune avocat qui a fait ses études à Paris, rentre au pays natal avec son père, excité de défendre l’Algérie libre.

Il s’engage au cabinet du maître français Reverdy. Le quotidien oscille entre espoir et horreurs ; la paix côtoie la violence.  « Les assassinats sont notre  ordinaire, les déflagrations notre musique de fond » (p38).

Reverdy lui confie un dossier délicat : défendre une activiste de l’Algérie française, accusée d’avoir tiré sur des manifestants.

Le père d’Adam  a une seule obsession : aller sur les traces de son amour Zina au village natale de Bousoulem, déclarée morte il y a longtemps.

Dans ce climat de paix-suspicion, les relations se compliquent : Adam a un faible pour la secrétaire française du cabinet;  il hésite entre ses principes nationalistes et l’envie de sauver Emilienne; son père a été agressé …

Et s’il allait au bout de ce procès ? Et si sa mère Zina  était encore vivante ?

Le livre n’est pas un document d’Histoire. C’est un roman qui a pour fond un pan de l’histoire d’Algérie allant des Accords d’Evian aux derniers jours de l’occupation. Ainsi, la fiction croise le réel. Le contexte historique sert de décor, un « prétexte » pour dire l’Humain et ses mystères, peindre des petites histoires au sein de la grande Histoire. C’est tout l’art du romancier Akli qui sait avec excellence explorer des brèches uniques de la réalité historique.

Le roman fait également référence à d’autres livres qui le précèdent. Les signes sont apparents : noms des personnages (Adam, Zina), les lieux (Bousoulem, Kabylie, Paris)…Cela peut évoquer une suite, comme ça peut être un fait « innocent » qui indique l’attachement de l’auteur à ces éléments récurrents.

En outre, le roman fait l’éloge de la fraternité et de la paix au milieu de la terreur et en dépit des différences. Par exemple, Adam est prêt à défendre une activiste de l’Algérie française  par principe d’humanité. La joie et le rire agrémentent le réel plein de violence. « …il n’y a que l’amour et la fraternité qui donnent un sens à la vie » (283)

L’amour : élément primordial dans l’œuvre d’Akli. Il répare le réel brisé, remédie à la violence atroce. L’amour et la guerre sont deux faces de la même médaille. Le père d’Adam n’a de pensée que pour son amour Zina. Le jeune avocat pense à son amour Bahia. De l’amour fleurit entre lui et la secrétaire française. « Je ne sais pas conjuguer le verbe aimer avec Irène. Avec Bahia, je savais. » 252-253.

L’écriture est sobre, embellie de poésie. Le roman véhicule un grand suspens. Mêlant les sentiments, sensible et humain,  De ruines et de gloire  est un bel hymne à la paix qui  jaillit des décombres.

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Point fort du livre: caractère humaniste

Belle citation: «  Ce qui fait, hélas, notre force, pauvres êtres humains que nous sommes, c’est notre part d’inhumanité. Nous finissons par accepter et par nous accommoder de toutes les horreurs… » (pp172-173.)

De ruines et de gloire, Akli Tadjer, éd. Les Escales, France, 2024, 336p.

Par TAWFIQ BELFADEL

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