Brûleurs _ de Neïla Romeyssa : périple existentiel d’un jeune harraga

Neila Romeyssa publie son nouveau roman chez JC Lattès (Label La Grenade) en 2023.

Divisé en trois parties, le roman peint le périple d’un jeune algérien d’Alger : Salim. Une sorte d’antihéros solitaire qui passe son temps dans sa chambre, consommant avec excès tabac, alcool, drogue. Il se dit désillusionnaire : ayant perdu tout espoir en son Algérie, son seul objectif est de partir. «  On ne sème pas la désillusion et, pourtant, on la récolte. Elle vient à nous, elle entre par effraction et elle nous colle à la peau » (p 18)

Grace à un ami d’Oran, il arrive à payer une place à bord d’une embarcation. Direction l’Espagne. Malgré les contraintes, il arrive avec les autres candidats.

Malheureusement, il est vite  incarcéré dans un centre de rétention. Alors, tout se brouille dans sa tête : nostalgie de l’Algérie, pensée pour sa mère, amertume de l’exil…Alors qu’elle destin attend Salim ? Le rapatriement, ou la lumière du rêve ?

Le roman explore un phénomène d’actualité : l’émigration clandestine à bord d’embarcation. Mais avec profondeur et amples détails : le prix du trajet, les préparatifs, le moteur, le passeur…l’Auteure s’est largement inspirée de témoignages réels  de harragas (migrants clandestins) comme elle le précise bien dans les « remerciements ». D’ailleurs, elle est créatrice du média Commun Exil.

En plus du périple, l’auteure explore l’âme du personnage Salim : son existence, son malaise, son rêve. Ainsi, au fil des pages le lecteur découvre le voyage et l’intérieur du personnage.

L’art populaire est omniprésent grâce à des chansons de rai et de rap moderne très célèbres dans la société algérienne (Soolking, Flenn…). C’est un roman bien ancré dans la société. La poésie est également présente grâce à des phrases embellies de belles métaphores.« Je danse sur les débris de ma misérable vie en Algérie, avant de prendre le chemin de la renaissance » (p33)

Simple et sensible, ancré dans l’âme de l’Algérie, Bruleurs rend hommage à ceux qui ont perdu espoir en Algérie et cherchent la lumière ailleurs.

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Point fort du livre: le croisement témoignage-fiction

Belle citation: « L’Algérie est une femme splendide, trahie par sa beauté. Alors pour mieux l’aimer, il faut la quitter » (p86.)

L’auteure: Neila Romeyssa est une jeune romancière. Créatrice du média Commun Exil. « Bruleurs » est son premier roman.

Par TAWFIQ BELFADEL